Impulse!, la résurrection

Publié le par Philippe Deneuve

Impulse!, la résurrection

Tous les amateurs de jazz connaissent le label Impulse!. Il fut « le fer de lance de l'avant-garde progressiste » des années 60. John Coltrane, McCoy Tyner ou Sonny Rollins y gravèrent leurs grandes oeuvres. Fondé en 1960 par Creed Taylor, le label sera dès 1961, grâce au producteur visionnaire Bob Thiele, fidèle à son slogan : « The New Wave In Jazz ».

Depuis une vingtaine d'années, s'il recyclait son catalogue, le label ne favorisait pas de nouveaux projets. Il y eut un superbe Diana Krall en hommage à Nat King Cole (All For You, l'un de ses meilleurs disques) et un Horace Silver notable. Mais point de politique éditoriale efficace, au regard du passé d'Impulse!.

Tandis que l'on vante la compétitivité nationale, louons la renaissance du label qui nous vient... de France. Impulse! est aujourd'hui un label d'Universal Music France à vocation internationale. L'idée est venu de Jean-Philippe Allard qui, avant de s'occuper de variété chez Polydor, a produit magnifiquement Helen Merril, Randy Weston ou Abbey Lincoln, leur donnant une seconde vie. C'est donc un homme de passion et de professionnalisme qui est à l'origine du retour d'Impulse!

Le label démarre au quart de tour, comme une sportive des années 60's qui n'aurait rien perdu de son audace. L'une des traditions de la maison est de favoriser les rencontres. Celle de Henry Butler et Steven Berstein est particulièrement excitante (Viper's Drag). Un duo malin de francs-tireurs qui propose une approche du jazz ouverte. Leur musique tient autant de Jerry Roll Morton que de Fats Waller, la modernité d'un Trombone Shorty en prime.

Après cette mise en bouche pétillante, septembre sera illuminé par l'enregistrement d'un duo contemporain majeur : celui du pianiste Kenny Barron et du contrebassiste Dave Holland (The Art Of Conversation). Le temps est suspendu à l'écoute de ces maîtres : finesse de jeu, sens aïgu de l'écoute... Autant dire que les mélomanes exigeants seront sensibles à cette pure merveille, enregistrée à New York.

S'en suivra un live enregistré à la radio canadienne en 1990 des regrettés Charlie Haden et Jim Hall, soit l'entente magique de deux passionnés du son. Puis sortira un album du pianiste Rodney Kendrick (qui n'avait pas enregistré depuis dix ans), en trio avec Curtis Lundy à la basse et Cindy Blackman Santana aux tambours (excusez du peu...). Enfin, le pianiste Ran Blake rendra hommage à la grande chanteuse américaine Chris Connor, qui s'illustra dans les années 50 aux côtés des plus grands. Il sera rejoint à l'occasion par la chanteuse Laïka Fatien.

En résumé, de belles galettes à se mettre sous la dent. Je n'ose vous dire qu'en 2015 vous retrouverez Jacky Terrasson, Jean-Luc Ponty-Stanley Clarke-Bireli Lagrene, ou Gonzalo Rubalcaba , tant la renaissance d'Impulse! me semble tomber du ciel. Bruno Guermonprez, son directeur marketing, fou de jazz et des Mémoires de Saint-Simon, soulignait à juste titre : « qu'Impulse! s'est toujours caractérisé par la diversité de son catalogue : c'est un label d'avant-garde qui a enregistré aussi bien Archie Shepp que Duke Ellington ou Coleman Hawkins. »

Une résurrection qui s'avère à la hauteur de ses promesses.

Le temps est suspendu à l'écoute de ces maîtres

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